Une nouvelle étude de l’Université de Columbia a révélé que réduire le sommeil de seulement 90 minutes sur une période de six semaines augmente la résistance à l’insuline chez les femmes habituées à un sommeil suffisant. L’effet était encore plus prononcé chez les femmes ménopausées.

La quantité de sommeil recommandée pour une santé optimale se situe entre sept et neuf heures par nuit, mais environ un tiers des Américains dorment moins que la quantité minimale recommandée.

Ces résultats sont les premiers à montrer qu’un léger déficit de sommeil maintenu pendant six semaines provoque des changements dans le corps qui augmentent le risque de développer un diabète chez les femmes. Des études antérieures montrant les effets négatifs sur la sensibilité à l’insuline incluaient principalement des hommes et se concentraient sur les effets d’une restriction de sommeil très sévère sur une courte période de temps.

Les femmes et le sommeil

La nouvelle étude a porté spécifiquement sur les femmes, car des études suggèrent qu’un mauvais sommeil pourrait avoir un impact plus important sur la santé cardiométabolique des femmes que sur celle des hommes.

« Au cours de leur vie, les femmes sont confrontées à de nombreux changements dans leurs habitudes de sommeil en raison de l’accouchement, du rôle parental et de la ménopause », explique Marie-Pierre St-Onge, Ph.D., directrice de l’étude, professeure agrégée de médecine nutritionnelle et directrice du Centre d’excellence en Recherche sur le sommeil et le rythme circadien au Collège des médecins et chirurgiens de l’Université Vagelos Columbia. « Et plus de femmes que d’hommes ont l’impression de ne pas dormir suffisamment. »

Il est difficile d’étudier les effets sur la santé d’une perte chronique de sommeil. Certaines études en laboratoire ont montré qu’une courte période de privation totale ou partielle de sommeil altère le métabolisme du glucose. Cependant, ces études ne reflètent pas l’expérience typique d’une légère privation de sommeil, qui implique de se contenter d’environ six heures de sommeil pendant des périodes prolongées.

Étudier le design

Pour étudier les effets d’une perte de sommeil légère et chronique, les chercheurs ont étudié 38 femmes en bonne santé, dont 11 femmes ménopausées, qui dormaient régulièrement au moins sept heures chaque nuit.

Dans l’étude, les participants sont passés par deux phases d’étude dans un ordre aléatoire. Dans une phase, il leur a été demandé de maintenir un sommeil adéquat ; dans l’autre cas, il leur a été demandé de retarder l’heure du coucher d’une heure et demie, réduisant ainsi leur durée totale de sommeil à environ six heures. Chacune de ces phases a duré six semaines.

Remarquablement, tous les participants à l’étude ont pu réduire leur durée de sommeil nocturne pendant la période épuisante de restriction du sommeil de six semaines. Le respect des horaires de sommeil a été mesuré à l’aide d’appareils portables. Tout au long de l’étude, les chercheurs ont mesuré l’insuline, le glucose et la graisse corporelle.

Résultats de l’étude

L’étude a révélé qu’une réduction du sommeil de 90 minutes sur une période de six semaines augmentait les niveaux d’insuline à jeun de plus de 12 % dans l’ensemble et de plus de 15 % chez les femmes préménopausées.

La résistance à l’insuline a augmenté de près de 15 % dans l’ensemble et de plus de 20 % chez les femmes ménopausées. Les niveaux moyens de sucre dans le sang sont restés stables pour tous les participants tout au long de l’étude.

«Sur une longue période, un stress soutenu sur les cellules productrices d’insuline pourrait entraîner leur défaillance, menant éventuellement au diabète de type 2», explique St-Onge.

Bien que l’augmentation de la graisse abdominale soit un facteur majeur de la résistance à l’insuline, les chercheurs ont découvert que les effets de la perte de sommeil sur la résistance à l’insuline ne sont pas dus à une augmentation du tissu adipeux.

«Le fait que nous ayons observé ces résultats indépendamment des changements dans la graisse corporelle, qui est un facteur de risque connu pour le diabète de type 2, témoigne des effets d’une légère réduction du sommeil sur les cellules productrices d’insuline et sur le métabolisme», explique St-Onge.

« En fin de compte, dormir suffisamment chaque nuit peut conduire à un meilleur contrôle de la glycémie et à un risque plus faible de diabète de type 2, en particulier chez les femmes ménopausées. »

Prochaines étapes

Ces dernières années, des études épidémiologiques ont montré que les personnes dont le sommeil fluctue d’un jour à l’autre courent également un risque plus élevé de développer un diabète. St-Onge et ses collègues étudieront si la stabilisation des habitudes de sommeil améliore le contrôle de la glycémie chez les personnes ayant des horaires de sommeil variables. D’autres études examinent si le rétablissement du sommeil peut améliorer le métabolisme du glucose chez les personnes qui n’en consomment pas suffisamment régulièrement.



Source