Une étude publiée dans la revue PNAS affirme que les espaces verts urbains n’ont qu’un impact modeste sur le contrôle de la pollution atmosphérique et que la végétation au niveau des rues peut en réalité augmenter la pollution atmosphérique en limitant la ventilation.

Étude : Réévaluer le rôle des espaces verts urbains dans la lutte contre la pollution atmosphérique.  Crédit photo : taka1022 / ShutterstockÉtude: Réévaluer le rôle des espaces verts urbains dans la lutte contre la pollution atmosphérique. Crédit photo : taka1022 / Shutterstock

arrière-plan

La pollution de l’air est l’une des principales causes de maladies respiratoires et de décès prématurés dans le monde. Parmi les divers polluants atmosphériques, on estime que les particules (PM) de petit diamètre (2,5 µm) sont à l’origine d’environ dix millions de décès supplémentaires dans le monde. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère la pollution atmosphérique comme la plus grande menace environnementale pour la santé humaine.

Environ 70 % de toutes les complications de santé causées par la pollution atmosphérique sont dues aux gaz à effet de serre produits par les activités humaines (émissions anthropiques). Les stratégies clés envisagées pour réduire les émissions anthropiques comprennent la production d’énergie plus propre, le désenfumage industriel efficace, la réduction de la dépendance aux véhicules à combustibles fossiles et les pratiques agricoles durables.

Une grande attention est accordée dans la littérature à l’utilisation de la végétation comme méthode passive pour réduire la pollution de l’air extérieur et à l’installation de filtres physico-chimiques comme méthode active pour réduire la pollution de l’air intérieur.

Dans cette étude, les scientifiques ont examiné l’influence des espaces verts urbains sur la pollution atmosphérique.

Étudier le design

Les scientifiques ont utilisé 2 615 stations de surveillance de la qualité de l’air en Europe et aux États-Unis pour déterminer les concentrations annuelles des principaux polluants atmosphériques (NO).2MPdixMP2.5et O3) entre 2010 et 2019. Ils ont déterminé l’évolution des espaces verts urbains autour de chaque station de qualité de l’air à l’aide de données satellites à moyenne résolution et d’images aériennes à très haute résolution.

Ils ont mené une série d’analyses statistiques appropriées pour déterminer la relation entre les espaces verts urbains et la qualité de l’air après ajustement aux changements des émissions anthropiques et du climat.

Observations importantes

Les données dérivées des stations de qualité de l’air ont montré une diminution du NO2 (dioxyde d’azote), PMdixet MP2.5 entre 2010 et 2019, relativement constante aux États-Unis et en Europe. En revanche, une induction en O3 Durant la même période, une concentration dans l’air ambiant a été observée. Dans l’ensemble, ces observations suggèrent que de nouvelles stratégies visant à réduire les émissions anthropiques pourraient être utiles pour contrôler la pollution atmosphérique.

Répartition des stations de surveillance de la qualité de l'air dans les biomes en Europe (n = 2 127) et aux États-Unis (n = 488) (A).  Les histogrammes en médaillon montrent la proximité des stations par rapport aux rues et l'empreinte du bâtiment dans un rayon de 30 M. Les séries chronologiques des polluants atmosphériques et les tendances linéaires sont présentées en (B).Répartition des stations de surveillance de la qualité de l’air dans les biomes en Europe (n = 2 127) et aux États-Unis (n = 488) (A). Les histogrammes en médaillon montrent la proximité des stations par rapport aux rues et l’empreinte du bâtiment dans un rayon de 30 M. Les séries chronologiques des polluants atmosphériques et les tendances linéaires sont présentées en (B).

En prenant en compte les types de végétation spécifiques au biome, l’étude a révélé que les stations situées dans le biome forestier présentaient les réductions les plus élevées de polluants atmosphériques, en particulier de particules, par rapport aux stations situées dans les biomes de broussailles et de savanes/prairies méditerranéennes. Cela pourrait être dû à la capacité de dépôt de polluants et de dispersion plus élevée de la végétation forestière par rapport à la maquis méditerranéen. Une autre possibilité pourrait être que les environnements secs des zones arbustives méditerranéennes facilitent le transport de poussière et de fumée par aérosol sur de longues distances.

L’étude a également analysé l’impact des changements dans l’espace vert urbain total et la couverture arborée sur la qualité de l’air au niveau des rues, des quartiers et de la ville. L’analyse a révélé un effet faible et très variable des modifications des espaces verts sur la pollution de l’air, en particulier au niveau des rues. Cela pourrait être dû au fait que la plantation de végétation, en particulier de végétation haute, à proximité de sources d’émission, par ex. B. de l’autre côté de la rue, ce qui peut réduire la ventilation à petite échelle et par conséquent augmenter les concentrations de polluants dans l’air.

En tenant compte des changements dans le couvert forestier, l’analyse a montré une association négative avec la pollution de l’air aux niveaux du district et de la ville. Ce lien était particulièrement clair pour O3 et PM. Dans l’ensemble, l’étude a révélé que l’induction d’une couverture arborée avait un effet significativement plus important sur la réduction de la pollution atmosphérique que l’augmentation complète des espaces verts.

En outre, l’étude a révélé que l’impact des espaces verts urbains sur la qualité de l’air était négligeable par rapport aux facteurs d’influence climatiques tels que la vitesse du vent, les précipitations et l’humidité. Ces facteurs climatiques ont montré une association négative avec tous les types de polluants atmosphériques, à l’exception de O3.

Exemple d'augmentation extrême (A−C) et de diminution (D−F) des espaces verts dans une zone tampon de 60 m (niveau de la rue) de deux stations de surveillance de la qualité de l'air.  Les images aériennes de Google Earth Pro sont présentées à titre de référence.Exemple d’augmentation extrême (A−C) et de diminution (D−F) des espaces verts dans une zone tampon de 60 m (niveau de la rue) de deux stations de surveillance de la qualité de l’air. Les images aériennes de Google Earth Pro sont présentées à titre de référence.

Importance des études

L’étude conclut que les espaces verts urbains ne constituent pas toujours une bonne stratégie pour améliorer la qualité de l’air et réduire la pollution atmosphérique. Selon les résultats, l’impact des espaces verts sur la qualité de l’air peut varier considérablement selon le type d’espace vert (espace vert total vs couverture arborée), l’échelle spatiale (niveau de la rue vs niveau du quartier vs niveau de la ville), etc. biome (forêt vs maquis méditerranéen).

Une conclusion intéressante de l’étude est que l’augmentation de la végétation en bordure de route peut en réalité accroître la pollution de l’air en limitant la ventilation des polluants émis par les véhicules. Les effets aérodynamiques des espaces verts peuvent aider à éloigner les polluants des piétons. Cependant, dans les zones aux conditions aérodynamiques défavorables, l’effet de dispersion des polluants des espaces verts peut éclipser leur effet de dépôt de polluants.



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